(c) Bloomberg

Si vous n’avez pas lu la première partie de l’article, c’est ici que ça se passe.

Nous en étions au moment où, pour la deuxième fois, je me retrouve dans l’exiguë bureau de change Travelex.

Je suis heureux. Dans quelques minutes, mon séjour nippon va se concrétiser ; physiquement, je veux dire. Je vais accueillir des deux mains, comme il se doit, un morceau du pays tant convoité, de beaux billets de couleur indéfinissable. La marche d’un quart d’heure séparant mon home sweet home du coffre-fort à monnaies étrangères ne m’a pas essoufflé. Faut dire qu’on va en faire des kilomètres sur Tokyo ! Finalement, ce retour me permet d’optimiser ma forme de bientôt cinquantenaire. C’est pas plus mal. Optimisme, optimisme ! En toute chose, voyons  le bon côté. Je ne serais pas en train d’atteindre un niveau supérieur de zénitude, moi ?

Je ressors de là furieux ! Je bougonne, parle fort, seul, pendant tout le trajet du retour. A la seule vue de mes sourcils en boomerang, le bébé de la poussette juste à côté du feu tricolore se met à pleurer.  Nous attendons tous les deux – sa mère aussi – le petit bonhomme vert. Le feu est beaucoup trop long. Y a plus de voiture. M’en fous si je montre le mauvais exemple au gamin en traversant avant que mini Hulk pousse de ses grosses épaules mini Hellboy. Bref, je suis vénère !

Cela avait pourtant bien commencé. Je dis « Bonjour ». Le guichetier me répond « Bonjour ». Il enchaîne en me demandant ce qu’il peut pour moi. J’y dis que j’ai passé une commande de yens sur internet. Il me demande ma carte d’identité, mon numéro de commande et ma carte bancaire. Il vérifie les deux premiers et bloque sur la dernière. « C’est cette carte-là que vous avez utilisé pour le paiement ? » je lui réponds par l’affirmative. Il joue des touches de son clavier. « J’ai pas le même numéro ! » Ah oui, c’est vrai. J’ai bien utilisé cette carte mais dans sa version internet, avec un numéro généré spécialement pour l’occasion. Fonction e-card, quoi ! J’y explique. « Je vais devoir annuler la commande. Si le numéro de carte bancaire n’est pas le même, je ne peux pas vous remettre vos yens. » J’ai beau discuter – extérieur calme, intérieur feu – pendant une dizaine de minutes, rien n’y fait. Question de sécurité, à ce qui semble. « Même que c’était écrit sur le site, monsieur. » Bon, d’accord, j’ai peut-être mal vu. Mais soyons logique, si ce n’est pas possible, pourquoi la commande est-elle allée jusqu’à son terme et pourquoi la somme a-t-elle été débitée de mon compte ? Le gars me propose de me vendre des yens, mais au tarifs boutique… avec une différence de plus de 20 euros pour un change de 500 euros. J’ai le sentiment paranoïaque d’une arnaque. Je fulmine, me casse et retourne chez moi en passant par la case « bouh, le bébé ! »

En rentrant, je me précipite sur mon ordinateur pour vérifier ce que m’a dit le gars. Il avait raison et j’avais tort. Une phrase pourtant en rouge m’avait complètement échappée :

« IMPORTANT: Les e-cards ou cartes virtuelles ne sont pas acceptées. Toute commande réglée par le biais d’une e-card ou carte virtuelle ne sera pas délivrée. »

A partir de ce jour, j’ai  guetté quotidiennement le cours du yen. Ce con eu la bonne idée de n’avoir jamais été aussi peu intéressant depuis que j’y prêtais attention. Il me faudra presque un mois pour retrouver un taux identique. De l’intérêt de ne pas s’y prendre à la dernière minute. Je passe ma commande avec une « vraie » carte bancaire, attends les 48 heures imposées et me voilà partie pour une nouvelle marche d’un quart d’heure.

La première fois (enfin la deuxième), j’étais heureux. Cette fois, je suis inquiet. Le temps est gris. Ça joue sur l’humeur. Je me fais des films. J’imagine le bureau de change plein d’individus louches, attendant qu’un cave retire l’équivalent d’une année de Smic pour le suivre, attendant la rue sombre et déserte pour lui tomber sur le râble. Bien sûr, la somme que je vais retirer n’atteint pas la mensualité d’un cast-member de chez Disney. La Souris n’est pas prêteuse, c’est là son moindre défaut. Mais le Pat Hibulaire qui m’attend, il est un peu neuneu. Si, j’vous l’dis, il est limité de la cafetière. C’est parce qu’on en n’a pas voulu dans Les Anges de la télé-réalité qu’il est là, désœuvrée, à attendre le bon coup. Alors, quand il va me voir avec 120 000 yens à la main, il va croire à la Fée Clochette, sonnante et trébuchante. Je vais être le loto fait homme. Va-t-en lui expliquer que ça fait 1000 euros. Va pas comprendre le dégénéré du bulbe !

J’arrive chez Travelexland. Deux personnes devant moi. Selon ma courte expérience, ça devrait prendre une dizaine de minutes, le temps qu’il faut pour qu’une bonne demi-douzaine de gars fassent la queue derrière moi. Jamais vu autant de monde ici. Sûr, je me suis fait repérer ! Le roucoulement tout à l’heure, c’est un signe de ralliement, j’en suis sûr. Toute la bande est au grand complet. En plus de Pat Hibulaire, y a les Rapetout, Miss Tick plus quelques autres. C’est mon tour de passer devant Balthazar Travelex Picsou. Alléluia ! Tout se passe à merveille. Il m’est même proposé plus de yens au même prix que sur le site internet. Quand je pense qu’à mon dernier passage, il était hors de question de me faire le même prix…

Je m’attendais à une liasse plus grosse. Je me demandais si les billets allaient tenir dans mon porte-feuille. Ça passe !

lunettespifAvant de sortir de chez moi partir à la quête du yen, l’inquiétude montant, je me suis livré à un énorme sacrifice. J’ai dé-cellophané le fleuron de ma collection de BD, le Pif gadget N°329. J’ai monté à la hâte le gadget s’y trouvant.

Au sortir du bureau de change, au lieu de chausser mes lunettes de soleil – de toute façon, il fait gris ! -, j’ouvre ma besace et sors précautionneusement mes lunettes de détective. Juin 1975. Je les chausse pour la première fois. Plus personne ne peut me surprendre grâce aux deux miroirs de part et d’autre des verres qui me permettent de voir derrière moi. J’achèterai un autre exemplaire beaucoup plus tard. Juin 2016, j’ai l’air d’un con, certes, mais je peux voir si on me suit. Bien sûr, je me cogne assez régulièrement aux passants qui arrivent devant moi mais ça marche. Il était fort ce Pif, quand même !

J’arrive chez moi sans encombre. J’ai mes yens. Je suis heureux.

Vos retours sur le précédent article

Petit point actualité au préalable. Je n’y connais pas grand chose à la bourse mais j’ai entendu ce matin à la radio une information qui devrait changer la face des changes entre euros et yens pour les jours, semaines et mois à venir. Jeudi prochain, les britanniques vont voter pour le maintient (ou pas) du Royaume-uni dans la communauté européenne. Le Brexit, ça s’appelle. British exit, ou sortie du Royaume-Uni de l’UE. Et selon deux sondages récents du Guardian, les britaniques pourrait voter pour le Brexit à 53 %. Conséquences financières, la livre sterling chuterait et l’euro la suivrait. Depuis quelques jours, les marchés financiers se préparent au pire et ça se traduit par une baisse, pour l’heure limitée, de la monnaie européenne face au yen qui s’échange actuellement à 114 yens pour 1 euro.

Je remercie énormément celles et ceux que je vais maintenant citer pour le partage de leur expérience et leurs commentaires.

postjapanCommençons par Philippe qui nous raconte qu’il a découvert depuis peu que les distributeurs dans les combinis 7/11 étaient tous compatibles avec les visas, eurocards et autres. Donc, quand il veut du cash, il va au Seven/Eleven. Ce que confirme Anne-Laure qui ajoute qu’il est possible également de retirer de l’argent dans les postes. Tout en précisant que grâce aux prochains Jeux Olympiques, le Japon facilite de plus en plus la vie des touristes.

Anne-Laure précise que même s’il désormais aisé de payer en carte dans les grandes villes ce n’est pas la même limonade en campagne, à l’exception des hauts lieux touristiques. Une information qui peut avoir son importance, même si on peut payer par carte ce n’est pas toujours bien vu de le faire. Intéressant !

Pour revenir au sujet des transports que nous avons déjà traité, Anne-Laure nous explique qu’elle doit se rendre à certaines stations pourvues d’une interface compatible avec sa carte visa pour payer sa carte Pasmo mensuelle.

Dernier conseil, Ô combien judicieux, d’Anne-Laure, toujours appeler sa banque avant de partir pour connaître le plafond de sa carte bleue. Éventuellement, le faire augmenter temporairement si nécessaire pour éviter de se retrouver sans argent au bout du monde.

Fuchan veut couper court aux clichés et de légendes urbaines véhiculés dans le précédent article. On peut payer par carte bancaire dans pratiquement tous les magasins et dans la grande majorité des restaurants nous dit-il

Conseil pratique, il préconise pour les petites dépenses de payer avec la carte Suica (on parle de cette carte ici).

A propos des soucis engendrés par l’utilisation de la mastercard, Fuchan confirme qu’il y a bien eu un problème entre Seven Bank et le groupe MasterCard, mais que tout est rentré dans l’ordre depuis deux ans.

7-Eleven_Ibaraki-FunakiIl confirme que les deux endroits infaillibles pour retirer des espèces au Japon sont les conbinis Seven/Eleven que l’on trouve presque partout dans les villes (ouverts 7/7, 24/24) et la poste présente dans pratiquement tous les villages et majoritairement dotés d’un ATM international. Seul problème : les heures d’ouverture.

Petit truc de Fuchan pour changer des euro, les comptoirs des aéroports moins chers que les banques (en mars, à KIX le taux était à 1,95%).

Michaël partage avec nous une bonne adresse de bureau de change parisien qui remporte toutes ses faveurs : Merson, 33 Rue Vivienne dans le deuxième arrondissement. de préciser qu’il y change systématiquement ses euros en yens avec un taux de change correspondant à peu de chose près au cours du jour. Étonnant, non ?

J’espère que cette série d’articles vous aura autant divertit qu’informé. N’hésitait à partager vos expériences et informations en commentaire.

 Source photos : Wikipedia