Interview – Marie-Christine Collard
Marie-Christine Collard
Marie-Christine Collard vit à Tokyo depuis 10 ans après avoir passé 3 ans à Yokohama de 1995 à 1998. Elle a publié en 2009 « FUGU », un roman édité par L’Harmattan. Elle s’apprête à sortir un second roman aux Éditions Noir sur Blanc avec en toile de fond, le séisme du 11 mars 2011. Son titre, « Répliques ».Quelle était ta vision du Japon avant d’y poser le pied ?
Une vision très romantique faite de jardins, de feuilles d’érable, de kimonos, d’ikebana, de mets raffinés, merveilleusement présentés… Je pense que j’avais une vision plus « Kyotoïte » que « Tokyoïte » du Japon.
Quel fut ton premier choc en arrivant sur le sol nippon ?
Je m’attendais à un grand choc culturel : les gens, la langue, le mode de vie, l’écriture que je ne saurais pas déchiffrer… Et très curieusement, mes premières sensations, à Tokyo et Yokohama, ont été que c’étaient des villes modernes comme toutes les grandes villes. Le choc est venu quelques jours plus tard, aux travers des premières expériences pour trouver un logement, scolariser les enfants, se déplacer… Là, les différences culturelles ont été criantes !! Déstabilisantes, mais aussi très enrichissantes.
Tu as vécu quelques années à Yokohama avant de résider à Tokyo. Deux villes deux ambiances ou l’expérience fut la même ?
Ce sont deux villes très différentes. Yokohama est plus ouverte, plus aérée, plus tournée vers la mer. Tokyo, c’est, pour moi, les ruelles où l’on se perd, où il faut se perdre pour découvrir tant de choses, à vélo, à pied. Ce sont des villages cachés dans la ville, des maisons de bois nichées entre deux immeubles, des fleurs partout, devant chaque petite maison…
Tu dis parler mieux le japonais que tu le lis. Est-ce pénalisant quand on vit au Japon ?
Ne pas parler le japonais est un frein dès qu’on s’écarte un peu des sentiers battus et que l’on cherche à comprendre un peu mieux les Japonais. Ne pas le lire en revanche n’a que peu d’incidence… Apprendre les kana en revanche, c’est très utile 😉
Tu te passionnes pour la calligraphie et le washi. Peux-tu nous en dire plus ?
Si je peine à écrire le japonais, les kanji, en revanche, me passionnent. L’écriture est d’une telle beauté que j’ai eu envie d’apprendre à manier le pinceau. J’ai étudié pendant cinq ans la calligraphie, je me débrouillais même si mon professeur corrigeait toujours en rouge tous mes essais. J’ai arrêté les cours par manque de temps, mais je calligraphie toujours pour moi.
La passion pour le washi est venue avec la calligraphie. les papiers japonais sont splendides.
Qu’est-ce qui a fondamentalement évolué au japon entre 1995, date de ton arrivée sur l’archipel, et aujourd’hui ?
Les relations homme/femme je dirai… Aujourd’hui plus de couples se donnent la main, on remarque plus de marques d’affection dans les lieux publics. En 1995, c’était vraiment très guindé. Dans le même esprit, le rôle des pères a changé : il n’est pas rare de voir un père seul, avec un
porte-bébé, dans le train. Impensable il y a 20 ans.
Quels conseils donnerais-tu à celles et ceux qui préparent un voyage au Japon ?
Justement de ne pas trop préparer 🙂 À part les contingences matérielles : pass pour le train, un airBnB à l’arrivée… Et de se laisser happer par le Japon. Leurs meilleurs souvenirs viendront de toutes les rencontres faites au hasard. Et il y a peu de risque d’une vraie mésaventure !
Quels sont, pour toi, les incontournables lors d’une visite au Japon ?
Aller voir Daibutsu (le Grand Bouddha) à Kamakura, faire l’ascension du Mont Fuji, se perdre dans Golden Gai, la nuit, à Shinjuku…
Accepterais-tu de partager tes bonnes adresses avec nous ?
Oui mais je n’en ai pas beaucoup. J’essaie de ne rien répéter et de découvrir chaque fois.
Allez, donne-nous faim. Quelles sont tes trois spécialités culinaires japonaises préférées ?
Le tôfu sous toutes ses formes, le Yuzu (sorte de citron) cuisiné de n’importe quelle façon, les glaces à la patate douce, et le Negitoromaki fait à la main dans un restaurant de sushis. C’est un rouleau de riz avec des poireaux finement coupés et du thon rouge, le tout enrobé d’une feuille d’algues. Mangé à la bonne température, ni trop froid ni tiède, c’est sublime… Craquant, fondant, avec une sensation iodée dans la bouche.
J’ai beaucoup aimé ce que je viens de lire.